Tu seras un homme mon fils

A la manière de ce célèbre poème “If” de Rudyard Kipling rédigé en 1909, je veux m’adresser aux hommes, aux ados, aux petits garçons pour qu’ils comprennent qu’une femme est sacrée et que les images que leurs projettent tous les sites pornographiques sont un piège car ce qu’ils y voient et les stimulent ne représentent pas la vie réelle.

Ce sont des acteurs et des actrices. Beaucoup d’entres-elles sont en souffrance et n’aiment pas la façon dont elles sont traitées dans cet univers violent et machiste. Elles gagnent leurs vies ainsi mais ne voudraient pas que leurs propres filles se lancent dans cette industrie où le sexe est l’apanage du sexisme et de la soumission sous forme de scènes violentes et dégradantes.

Chers parents, dites à vos fils et vos filles que la façon dont s’habille une fille ou une femme, ni son comportement, ni son air trop maquillé, ni ses manières ne peuvent les autoriser à la siffler, l’insulter, l’agresser ou la forcer sous quelque forme que ce soit.

Je veux m’adresser aux pères mais surtout aux mères pour leur demander de ne jamais autoriser leurs fils à croire que la virginité d’une femme puisse être un trophée et que d’avoir des relations sexuelles n’est pas automatique parce qu’un garçon, un ado ou un homme l’ont décidé.

Une femme est un être fragile face à la force masculine et si elle ne se débat pas c’est parce qu’elle a peur, qu’elle est sidérée. La sidération est un phénomène fabriqué par le cerveau comme une sorte de coupe-circuit pour empêcher un arrêt cardiaque afin de protéger sa propre vie. Ce n’est en aucun cas un consentement explicite.

Désirer l’amour d’une femme se fait par la tendresse, par le désir que l’on éveille en elle ; même si elle est alcoolisée, même si elle est droguée, même si elle est endormie. Sinon, c’est un viol. Sinon, c’est un crime.

Ne tolérez pas que votre fils utilise les mots, « pute » ou « salope » en décrivant une fille ou une femme même si c’est en plaisantant. N’acceptez pas que votre enfant transforme une relation en seul objet de désir.

Asseyez-vous avec lui et expliquez-lui ce qu’est une relation de confiance, expliquez-lui qu’une fille ou une femme se respecte et lorsqu’elle ne veut pas, lorsqu’elle dit non, c’est qu’elle ne consent pas. Un non n’est pas un oui, jamais.

Dites-lui que si il veut instaurer un jeu avec sa partenaire, il doit lui demander avant et toujours obtenir son accord. Si il veut jouer, il doit lui expliquer comment se déroule les règles de ce jeu et de ne pas lui imposer parce que son désir est devenu si violent qu’il n’est plus conscient que ce jeu de départ peut se transformer en agression.

On parle ici d’un « safe word », c’est à dire « mot de sécurité » pour tout arrêter si elle l’a décidé. Rappelez-lui que le non veut dire non encore une fois.

Lorsque l’on est parent, on ne pense pas toujours à ce type de conversation mais un jour, le monde bascule et apparait l’atroce vérité, le viol, pour le nommer.

N’oubliez jamais que votre enfant deviendra un homme et ne comprendra peut-être pas que ces enseignements sont obligatoires sinon la culture ambiante l’emmènera dans ce que l’on appelle communément la « culture du viol » et il sera peut-être déjà trop tard.

Aux parents des filles, je leur dirais, de ne pas les influencer sur leur manière de s’habiller avec des remarques sexistes. Evidemment, en tant que parents, vous vous souciez de leur sécurité mais leur liberté est aussi importante que celle de vos garçons. Ne faites pas peur à vos filles, donnez-leurs des conseils tels que de faire attention mais ne les endoctrinez pas dans un mythe culturel qui les prive de leurs droits, les étouffe et les punit d’être ce qu’elles sont, des personnes libres.

En tant que parents, vous vous direz : « je dois protéger mes filles des ces connards prêts à tout ! » N’oubliez pas que c’est vous qui élevez ces connards, c’est vous qui êtes responsables de leur vision des femmes. Vous ne pourrez accuser personne d’autre que vous si les choses se passent mal, ne l’oubliez pas. Les agresseurs inconnus sont rares, ce sont nos proches, nos maris, nos pères, nos fils.

Tous les garçons ne sont pas des violeurs en puissance et toutes les filles ne se feront pas violer mais notre culture donne toujours le mauvais rôles aux filles, aux femmes parce qu’un fils ne peut être un agresseur pour cette mère qui l’a élevé et cette même mère rendra responsable cette fille qui a été agressée ne ne supportera pas que son fils chéri ait pu commettre l’indicible.

Notre société toute entière est tournée vers la responsabilité des filles ou des femmes au lieu de comprendre qu’elles n’y sont pour rien, qu’elles ne sont pas responsables de leurs agressions.

Votre fils devenu adulte doit avoir appris ces fondamentaux pour ne pas se permettre de reproduire des mythes qui déresponsabilisent les viols. C’est votre éducation qui est le fondement de son comportement et vous ne pourrez blâmer personne d’autre que vous. N’hésitez pas à lui parler les yeux dans yeux et lui interdire à jamais d’avoir un comportement qui pourrait détruire la vie d’une fille ou d’une femme. Expliquez-lui que cette culture du viol est inacceptable, violente et destructrice.

Imaginez votre fille se faire agresser? Non, vous ne pouvez pas et pourtant cela arrive tous les jours. Apprenez-lui à faire attention et à devenir vigilante.

Imaginez vote fils devenir un violeur? Non, vous n’y arrivez pas? Mais c’est vous que lui inculquerez que de commettre ce genre de chose est interdit. C’est vous qui expliquerez parce que vous êtes son père, parce que vous êtes sa mère et que vous aimez votre fils, votre fille et pour lui, pour elle, vous imaginez un devenir meilleur. Faites-le parce ce serait irresponsable de ne pas en prendre conscience.

Vous direz à vos filles de faire attention et vous aurez raison parce que les agressions sont en réelle augmentation et c’est très inquiétant. Même si cela favorise la déresponsabilisation des hommes.

Vous êtes en mesure de protéger les filles et les femmes en parlant avec votre fils et lui expliquant qu’en respectant les femmes : « Tu seras un hommes mon fils ».

dses