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Clivage, déni et solidarité

24 Juillet 2018, 16:05pm

Publié par de soupirs en sourires

Aujourd’hui, un journal relate la libération d’un pédophile qui a reconnu avoir agressé plusieurs de petits garçons. Le titre fait même sensation puisqu'il explique qu’un « prédateur sexuel a été libéré». Lorsque ce prédateur a été arrêté, il a remercié les policiers car, il leur a avoué qu’il ne pouvait s’empêcher de commettre ces actes atroces. C'est effarant ! Le psychiatre expert qui l’a examiné l’a déclaré comme un vrai danger. Le laisser en liberté engage toute la société puisque son degré de récidive est indubitablement prévisible. Ses crimes effrayants n’ont pas été perçus comme une terrible menace pour d’autres enfants. On peut imaginer à cet instant la douleur dans laquelle sont replongés les victimes, leurs familles, les professionnels (policiers, avocats, médecins et associations) et surtout les graves répercussions sur toutes ces vies brisées. Le plus inquiétant est le fait que ce pédophile soit en liberté et pourra continuer à détruire de nouvelles vies a l’envi. Qui pourrait l’empêcher maintenant qu’il a une caution légale? C’est un déni de justice patent ! 

 

Quelles questions pouvons-nous nous poser face à cette incroyable décision? Dérive serait le mot le plus approprié. Si un homme est jugé aussi dangereux, pourquoi n’est-il pas mis hors d’état de nuire? Un homme qui se dit être soulagé d’avoir été enfin arrêté ne doit pas comprendre lui-même cette décision qui n’a plus de sens à l’heure où un mouvement mondial contre le viol et toutes les agressions sexuelles s’affirme. Alors pourquoi des hommes accusés eux aussi de viols restent-ils emprisonnés si on libère un pédophile avéré auteur de multiples viols sur de jeunes enfants qui avoue en plus, qu’il recommencera? 

 

La justice a un fonctionnement particulier et l’on est en droit de se poser des questions sur son curseur et les idéologies qui découlent de ses décisions. Comment peut-on rendre justice si celle-ci est devenue officiellement inégale. Comment peut-on consentir à libérer un prédateur en puissance qui est peut-être en train d’agresser un jeune garçon? 

Le seul constat c’est que l'on ne traite pas tous les agresseurs de la même façon. Un pédophile avoue ses crimes et demande à être enfermé pour la paix sociale alors que beaucoup d'autres sont enfermés alors qu'ils sont "présumés innocents".

Les chiffres sont parlants. En France, il vaut mieux être blanc et être un homme bien inséré professionnellement pour pouvoir violer en toute tranquillité en tant pis si la victime n’a pas consentie. C'est un système inéquitable qui continue de fermer les yeux et laisse des crimes impunis. 

Mais au nom de quoi? D’un vieux patriarcat putride qui ne saurait se remettre en question pour ne pas perdre ses nombreux privilèges acquis tout au long des siècles. 

Dans son riche article Grazoo revient sur les décisions prises par l’Espagne et la Suède qui ne reconnaissent que le consentement explicite. C’est une sacrée avancée pour les droits humains, on peut les féliciter et pourquoi pas, y croire un peu. Ces modifications radicales redonnent de l’espoir dans notre pays clivé et assis sur le couvercle de sa boite de Pandore emplie de tous ces crimes effrayants mais surtout impunis au seul motif que le doute profite toujours à l’accusé. La pratique qui s'ensuit est bien connue : le classement sans suite injuste et destructeur.

 

Pourquoi la France ne prend-t-elle pas de mesures exemplaires? Il y a deux problèmes indubitables. Le courage et l’argent. Ou l’argent sans le courage. Evidemment, on pourra répondre que c’est aussi une question de moyens. Quand on apprend que le gouvernement a « généreusement » attribué 5 millions d’euros à la lutte contre les violences faites au femmes on reste pantois devant tant de partialité affichée vis-vis des agresseurs. Qu’est-ce qu’est cette goutte d’eau face au nombre inquiétant de faits de violences commises tous les jours en France. C’est prés d’un demi-million de personnes qui subissent chaque année des atteintes à leur intégrité et tout le monde se fiche de cette forme de génocide social? 

Le pire lorsque une victime porte plainte, c’est la façon dont la justice va traiter sa demande juste et raisonnée car personne n’a envie de déposer plainte et de se retrouver malmené dés le commencement de la procédure souvent pernicieuse. A partir du moment où un policier ou un gendarme traite ce type de dossier, c’est trop fréquemment la parole de la victime qui est mise en doute surtout si elle appartient à la diversité, là, les stéréotypes n’ont parfois plus de limites. La posture qui est prise et d’éviter d’aller jusqu’au parquet pour des raisons économiques et statistiques. Ubuesque. Quand la justice ne peut éviter le tribunal, le procès a lieu et souvent, les victimes n’en finissent pas de justifier les horreurs qu’elles ont subi au risque de les victimiser davantage. Le message est biaisé d’avance, une plainte a pour effet de transmettre un message clair et précis, la "présumée victime" est étudiée comme le ferait un entomologiste avec une petite bestiole dérangeante qui n’a rien à faire ici et n’offre pas d’autre intérêt que de venir se plaindre d’un évènement qui devient vite conditionnel dans le prisme du couple police-justice. 

Le problème de notre justice c’est qu’elle ne se base que sur les preuves et même lorsqu’il y en a, elle continue de laisser les auteurs libres car la présomption d’innocence l’emporte en se focalisant uniquement sur les victimes toujours jugées suspectes. Les agressions les plus fréquentes sont maintenant plus connues et se déroulent en majorité dans l’intimité d’un foyer. Un homme expliquera qu’il « croyait » tel un télépathe que le consentement était effectif même si sa partenaire dira le contraire et niera la version "jugée crédible" expliquée par l'agresseur. On choisira dans la plupart des cas, de croire le mâle-alpha parce que c’est plus facile, plus simple et surtout, ça désengorge les tribunaux et tout le monde est gagnant-gagnant. Sauf pour les victimes qui doivent se contenter d’un mensonge organisé et complice. Si on fait une analyse de cette fameuse « présomption d’innocence », c’est que la victime à d’emblée menti? C’est tellement pratique et simple de s’accrocher à ce principe même si c’est au mépris de vies qui ont basculé dans l’irrationnel et qui mettront des mois, voire des années à s'en remettre. 

 

Quel est le message envoyé à la population quand on libère un pédophile auteur de nombreuses agressions choquantes? Que veut-on lui expliquer? Que les prisons sont pleines? Que le budget de la justice se réduit comme peau de chagrin d’année en année? Que ce genre d’affaires n’ont aucun intérêt tant elles sont banales? Comment expliquer à un enfant que l’auteur de son anéantissement physique et psychique est dehors et que ce qu’il a fait ne nécessite pas de punition immédiate? Pourtant, ces enfants n’étaient pas consentants? Ces enfants ne voulaient pas qu’un monstre mette fin à leur innocence. Ces enfants ne s'attendaient pas à voir leurs vies détruites. Mais la justice a décidé que ce bourreau pouvait rester en liberté. Comme Sarah 11 ans qui n’a pas été prise au sérieux alors qu’elle a été violée par un homme de 28 ans. Tout le monde a trouvé cela normal qu'une enfant aussi jeune soit considérée comme consentante. Une fille de 11 ans peut-elle être consentir à des rapports sexuels avec un adulte? Les journaux mainstream se sont bien gardés d’indiquer que cette petite fille était noire et que son agresseur blanc purgeait déjà une peine de prison de 10 ans pour violences. Il a été décrit comme un homme gentil et calme alors qu'il purge une lourde peine. C’est admettre que ce l’on raconte dans la presse ne sont que des des bobards. Les médias ont l’art de manipuler leur lectorat et parce personne ne vérifie, leurs articles sont pris au sérieux et maintiennent et entretiennent la culture du violAu moment où ce type d’information est publiée, tout le monde s’insurge. Les réseaux sociaux sont pris d’une nausée tapageuse et frénétique au travers de partages, de commentaires outrés, de formation de groupes où les auteurs de tels crimes sont honnis mais cet effet de mode ne dure pas et malheureusement, l’indignation réapparaitra encore sur le même mode au prochain fait divers comme une répétition anachronique. On publiera les affaires les plus graves si, avec un peu de chance, elles seront jugées intéressantes par l’ensemble des rédactions issues de la bien pensance pour formater l'imaginaire des citoyens naïfs, gênés d’affronter des évènements qui leur paraissent invraisemblable dans leurs vies dénuées de ces crimes barbares impossible à assimiler. C'est toujours aux autres que ça arrive jusqu'au jour où... Sur le terrain, c’est un recul manifeste. Un constat d’échec terrible. Un désaveu équivoque adressé aux victimes. La France à un procureur pour 100 000 personnes, c’est 40 000 pour l’Allemagne. Ce qui démontre bien le peu de cas que font nos éminents décideurs face à ce problème alarmant qui devrait être élevé au rang de cause nationale. Mais les victimes continuent d'être abandonnées à leur sort sans aucune forme de procès... Confrontés à des normes qui ne retiennent que des chiffres et des moyens si limités, l’ampleur des violences faites aux femmes, aux enfants et aux hommes continue de se décupler avec toutes les conséquences possibles sur les plans sociétal, sanitaire, moral et surtout humain.

 

Nous sommes dans un pays qui nie presque totalement ces violences, qui refuse de les voir, de les affronter et de sanctionner leurs auteurs pour ces faits inhumains. Tout le monde a autour de soi, quelqu’un qui a vécu ou qui vit ces violences et on préfère se taire, détourner les yeux, oublier ou les nier parce que cela n’est pas inclus dans les normes imposées par une société qui vit dans le mirage d'une démocratie donnant à chacun le droit d'être reconnu dans son statut de victime qui n'est qu'illusionMais c'est le déni qui prévaut et il est le pire des sentiments car il rend complice de ce mythe qu'est la justice qui a deux poids, deux mesures. Cette partialité permet à ceux qui transgressent les lois qui n’existent que sur le papier, de poursuivre leurs méfaits comme le démontre ce pédophile qui vient d’être libéré alors que sa place est en prison ou en asile psychiatrique. Tous les jours, un fait divers attire l’attention. Il attriste, dégoûte, met en colère ou indiffère. Provoquant une émotion, celle-ci se doit de devenir structurellement productive sinon les choses ne pourront changer. Ailleurs des milliers de personnes descendent dans la rue pour endiguer ces multiples violences et elles obtiennent, grâce à leur solidarité et leur volonté de justice, que les lois protègent et ne permettent plus aux agresseurs de continuer leurs méfaits. C'est logique et humain. Réguler la violence par des actions claires et fortes permettra de modifier totalement les rapports humains et remettra à leurs places, les agresseurs, c’est à dire appliquer la loi stricto sensu pour que leurs actes soient punis. Le code pénal est souvent oublié mais il a le mérite d’exister et si il regorge d’articles de loi qui organisent les sanctions, qu’il soit réellement appliqué et que les infractions et les crimes soient dument qualifiés et surtout punis. Le flou quant au consentement fait la part belle aux délinquants puisque ce consentement doit être argumenté au mépris des effets de sidération et de dissociation que vivent toutes les victimes. Il est anormal de traiter les justiciables différemment selon leur appartenances ethniques, leurs âges, leurs croyances, leurs aspects, leurs professions ou leurs sexualités. Rien ne justifie de laisser des hommes impunis selon des critères subjectifs, qui n’ont pas lieu d’être. Lorsque l’on est investi du pouvoir de prendre des décisions, ce ne doit pas être à l'encontre du bon sens. Une société est saine quand elle protège tous ses citoyens et toutes ses citoyennes. La parité c'est aussi qu'une justice digne de ce nom soit rendue.

 

Ce qui permettra de mettre fin à ces exonérations d’un autre âge, ce sera la solidarité organisée par toutes les voix qui auront le courage de se joindre aux actions pour refuser haut et fort d'accepter cette escalade de violences, pour que l’on ne malmène plus des victimes qui ne sont pas responsables de ce qui leur arrivent et pour arrêter de trouver des excuses aux oppresseurs. Les violences sexuelles sont devenues un véritable fléau. Elles sont illégitimes et nul n'est sensé ignorer la loi, pas même ceux qui la rendent. La justice doit l’admettre et arrêter de se focaliser sur les victimes pour les désavouer à l’aune de contingences économiques mais aussi sexistes, patriarcales, racistes et machistes. La honte doit changer de camp et ce n'est pas un combat féministe, c'est le combat de tous !!! La prévention est l'une des clés pour vivre dans une société où une femme, un enfant ou un homme ne doivent plus se sentir en danger et ne plus subir des agressions traumatisantes avec la complicité de ceux qui sont sensés les protéger. Pensez à vos femmes, vos filles, vos fils, vos cousins, vos cousines, vos nièces, vos neveux, vos maris, vos frères, vos amis et imaginez quelle serait votre réaction s'ils étaient victimes d'un prédateur sexuel. Pensez-y et rendez ces atrocités impossibles en vous déclarant solidaires d'une cause noble et juste. Signez les pétitions, écoutez et aidez les victimes et soyez sûrs que tout cela peu changer. 9 pays européens reconnaissent le consentement explicite dans leur code pénal.

 

Alors pourquoi pas la France? 

 

dses

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