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Soumission chimique

17 Juillet 2018, 16:47pm

Publié par de soupirs en sourires

Elle a utilisé les réseaux sociaux pour dénoncer son mal-être, pour dénoncer ce mal qui lui tient lieu de compagnon insoluble à présent. Cette jolie blonde, charmante artiste aux multiples talents est sortie un soir dans une boite pour s’amuser et pour danser. Elle a posé son verre et l’a laissé sans surveillance loin d'imaginer qu’une drogue sournoise y serait versée. Ce verre qu’elle a bu l’a plongé dans une inconscience fatale pour que l’on puisse accomplir un abominable projet : outrager son corps inanimé.

Ce sont les stigmates de ce sacrilège qui lui ont permis de prendre conscience de cet ignoble ravage qui la laisse dans un état de femme mortifiée. Aux douleurs physiques et psychiques s'est rajouté, le choc d’avoir été si honteusement maltraitée par un ou des inconnus dont elle ignore tout et qui pourtant, ont osé lui voler son intimité. Son courageux message publié a été mainte fois partagé pour dénoncer la dégradante duplicité de ceux qui se croient au-dessus des libertés à disposer du corps des femmes en utilisant des moyens comme le GHB (gamma-hydroxybutyrate). Cette drogue si facile à trouver provoque un black-out qui plonge ceux et celles qui l’ont ingéré dans un lourd sommeil qui permet aux agresseurs de commettre la pire des fautes, celle de transformer un corps en objet et d’en abuser à satiété sans être ni identifié, ni inquiété, ni retrouvé. Depuis son apparition dans les années 90, le GHB, interdit depuis 2001 est classé parmi les stupéfiants. Mélangé à de l'alcool, il peut devenir mortel.

Aujourd’hui, elle veut mettre en garde toutes ces autres femmes qui au gré de l’été veulent s’amuser sans imaginer qu’un tel drame puisse leur arriver. Avec un immense courage, elle a choisi de révéler son histoire au grand jour pour que son supplice ne soit pas répété.

Le fait de ne se souvenir de rien est une source d'angoisse supplémentaire. Elle se pose peut-être la question de savoir si on a pris des photos, si l’agresseur était seul ou avec d’autres, si elle a contracté une maladie, si elle a le VIH, si elle est enceinte…

Ces questions qui viennent la hanter s’ajoutent au syndrome post traumatique qu’elle doit aujourd’hui endurer et au long parcours qu’elle va devoir affronter pour se soigner et retrouver sa dignité et un jour, espérons-le, l’envie d’à nouveau s’amuser. Mais, chacun le sait, après un tel choc, la vie ne sera plus jamais la même. Son message à la force d’interpeller et d’apprendre à davantage se méfier avec des règles simples comme toujours garder son verre dans la main, refuser les consommations d'une personne qu'on ne connaît pas et surtout d'être vigilant. Les crimes à caractère sexuel sont de loin les plus courants. Une seule dose, un seul verre d'alcool suffissent ; en 15 minutes et l’effet est assuré…

Le corps élimine la drogue très rapidement en moins de 12 heures et c’est pour cela qu’il faut très vite se rendre dans un service d’urgence pour faire procéder à des examens afin de prouver que le produit a été consommé à l’insu de son plein gré. Le plus difficile est l’horreur de ne pas savoir ce qu’il s’est passé. Cette incapacité à admettre comment les choses se sont réellement déroulées accentue ce sentiment d’abomination car les traces sont là mais aucun souvenirs conscients. Le plus difficile après avoir soigné les blessures, c’est dans ce que l’on peut se reprocher alors que la faute revient à celui ou à ceux qui ont prémédité cet acte abominable et ont profité de l’inconscience d’une femme qui a été sciemment plongée dans une sorte de coma pour en faire un jouet.

 

Cette soumission chimique doit cesser et pour y arriver, les victimes doivent avoir le courage de déposer plainte car sans cela, aucune enquête ne peut être engagée. Il est parfois difficile de se rendre compte de ce qu’il est arrivé puisque l’inconscience obtenue par ces drogues est le paravent de la lâcheté de ces crimes révoltants. Tout un pan de leur existence leur a été volé et, même si elles ont des bribes de souvenirs, les victimes vivent avec un trou noir qui ne peut être comblé parce que les auteurs ne seront peut-être jamais retrouvés. Sans compter les jugements de valeur que certains se permettent pour minimiser ces agressions. Apparaitra alors la culpabilité, qui est très lourde à porter  : être soupçonnée d'avoir trop bu, d’être allée dans ce lieu là en pleine nuit, de ne pas voir été assez alerte…

 

Il ne faut jamais oublier que les femmes ne sont jamais responsables de type d’évènements terribles et comme elles ont peu ou pas de souvenirs et qu'elles avaient bu de l'alcool, elles souffrent d'un manque de compréhension et d'écoute, même de la part de l'entourage proche. Il faut les croire, les accompagner et leur rappeler que ce qu'elles ont subi est illégal. Il est important pour la victime qu'on lui restitue son statut de victime mais ce ne sera peut-être jamais le cas dans cette affaire où le ou les agresseurs sont inconnus. Le ou les retrouver et les condamner pourra lui permettre de mettre fin à ce cauchemar et de se reconstruire. Mais le plus important pour elle, c'est d'être crue.

 

Cette expérience l’a transformée et l’a brisée de l'intérieur. Elle ne sera plus jamais la même c'est certain, mais, malgré tout, elle va continuer de se battre pour les autres potentielles victimes, pour les gens qui l’aiment et la croient et au final pour elle-même car elle le mérite bien.

 

Peut être qu'à la force du temps l'estime de soi et sa confiance aux hommes reviendra…

Mais la reconstruction sera un processus long et inéluctable. Courage à elle et à tous ceux et celles qui ont vécu ce drame innommable !

 

dses

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